Le père étant mort quelques semaines auparavant, c'est le grand-père Abd al-Muttalib qui s'occupa de l'enfant et de sa mère.
Il y avait un ancien usage à la Mecque, - usage qui persiste jusqu'à nos jours, - de confier l'enfant aux nourrices, qui les emmenaient chez elles dans le désert. En attendant l'arrivée des femmes nomades, venant chercher les enfants, des concubines de la famille ont dû donner le sein au nouveau-né. C'est ainsi que Thuwaibah, esclave de son oncle Abû Lahab, éleva l'enfant pendant quelques jours (2). On nous apprend encore que Hamzah, jeune oncle de Mohammed était son frère de lait (3). Les nourrices cherchaient évidemment les enfants des riches : les orphelins comme Mohammed ne devaient pas leur plaire beaucoup.
Un contingent de la tribu de Sa'd ibn Bakr, branche des Hawâzinites, se rendit alors à la Mecque. Parmi cette tribu se trouvait Halimah, future nourrice de Mohammed, qui était très pauvre; à cause de sa monture maigre et fatiguée, elle arriva à la Mecque assez en retard sur les autres, et ne put trouver un enfant riche. Ne voulant pas rentrer les mains vides, elle prit l'orphelin Mohammed, et ne l'a jamais regretté (4).
On attend d'un prophète qu'il accomplisse des miracles dès sa naissance : sa mère n'aurait point senti les douleurs de l'accouchement; l'enfant serait né circoncis; les anges l'auraient lavé et marqué du sceau de l'apostolat sur le dos, entre les épaules. On raconte aussi que l'âne de sa nourrice devint le plus rapide de la caravane; sa chamelle commença à donner du lait en quantité plus que suffisante pour toute la famille; Mohammed ne têta que sur un seul sein de sa nourrice, laissant l'autre pour son frère de lait; les moutons et les brebis de Halimah rentraient à la maison toujours satisfaits de leur pâturage, tandis que le même ne donnait rien aux autres animaux.
On rapporte encore un autre incident, plus important : un jour un frère de lait courut chez ses parents pour leur raconter, tout effrayé, que des gens s'étaient emparés de Mohammed et lui avaient ouvert la poitrine. Les parents s'empressèrent, mais ils trouvèrent Mohammed assis sur la colline, les yeux fixés sur le ciel. Interrogé, il raconta que deux des anges étaient venus de la part de DIEU, avaient ouvert sa poitrine, retiré son cœur enlevé la partie appartenant à Satan, et remis le reste après l'avoir lavé avec de l'eau céleste, dont il sentait encore la fraîcheur. Les anges s'en étaient alors allés au ciel dans la direction où il les suivait encore du regard. La nourrice et son mari crurent devoir rendre Mohammed à ses parents plutôt que de le retenir encore quelque temps chez eux, car on ne savait quel autre malheur pouvait encore arriver à l'enfant merveilleux. Il est également question de la présentation du Prophète dès sa naissance, par les anges, à toutes les créatures, à titre d'introduction.
Mais revenons à l'histoire normale. La vie chez une nourrice nomade ne pouvait être que très simple : la tribu passait les différentes saisons en divers endroits; les enfants surveillaient toute la journée les troupeaux dans les pâturages, et jouaient ensemble; les femmes ramassaient le bois pour la cuisine, entretenaient leurs foyers, et s'occupaient à filer. On se contentait quelquefois de dattes et de lait; parfois on mangeait des légumes, de la viande, etc., et, lors des foires ou des visites aux "grandes villes", comme la Mecque, quelques friandises. Il pouvait y avoir des razzias et des guerres entre les tribus, mais nos sources n'en mentionnent aucune concernant la tribu de la nourrice Halimah.
Un contingent de la tribu de Sa'd ibn Bakr, branche des Hawâzinites, se rendit alors à la Mecque. Parmi cette tribu se trouvait Halimah, future nourrice de Mohammed, qui était très pauvre; à cause de sa monture maigre et fatiguée, elle arriva à la Mecque assez en retard sur les autres, et ne put trouver un enfant riche. Ne voulant pas rentrer les mains vides, elle prit l'orphelin Mohammed, et ne l'a jamais regretté (4).
On attend d'un prophète qu'il accomplisse des miracles dès sa naissance : sa mère n'aurait point senti les douleurs de l'accouchement; l'enfant serait né circoncis; les anges l'auraient lavé et marqué du sceau de l'apostolat sur le dos, entre les épaules. On raconte aussi que l'âne de sa nourrice devint le plus rapide de la caravane; sa chamelle commença à donner du lait en quantité plus que suffisante pour toute la famille; Mohammed ne têta que sur un seul sein de sa nourrice, laissant l'autre pour son frère de lait; les moutons et les brebis de Halimah rentraient à la maison toujours satisfaits de leur pâturage, tandis que le même ne donnait rien aux autres animaux.
On rapporte encore un autre incident, plus important : un jour un frère de lait courut chez ses parents pour leur raconter, tout effrayé, que des gens s'étaient emparés de Mohammed et lui avaient ouvert la poitrine. Les parents s'empressèrent, mais ils trouvèrent Mohammed assis sur la colline, les yeux fixés sur le ciel. Interrogé, il raconta que deux des anges étaient venus de la part de DIEU, avaient ouvert sa poitrine, retiré son cœur enlevé la partie appartenant à Satan, et remis le reste après l'avoir lavé avec de l'eau céleste, dont il sentait encore la fraîcheur. Les anges s'en étaient alors allés au ciel dans la direction où il les suivait encore du regard. La nourrice et son mari crurent devoir rendre Mohammed à ses parents plutôt que de le retenir encore quelque temps chez eux, car on ne savait quel autre malheur pouvait encore arriver à l'enfant merveilleux. Il est également question de la présentation du Prophète dès sa naissance, par les anges, à toutes les créatures, à titre d'introduction.
Mais revenons à l'histoire normale. La vie chez une nourrice nomade ne pouvait être que très simple : la tribu passait les différentes saisons en divers endroits; les enfants surveillaient toute la journée les troupeaux dans les pâturages, et jouaient ensemble; les femmes ramassaient le bois pour la cuisine, entretenaient leurs foyers, et s'occupaient à filer. On se contentait quelquefois de dattes et de lait; parfois on mangeait des légumes, de la viande, etc., et, lors des foires ou des visites aux "grandes villes", comme la Mecque, quelques friandises. Il pouvait y avoir des razzias et des guerres entre les tribus, mais nos sources n'en mentionnent aucune concernant la tribu de la nourrice Halimah.
Le jeune Mohammed se comportait comme tous les autres enfants. On rapporte qu'un jour, pour une raison que les narrateurs ne mentionnent pas, il mordit l'épaule de sa sœur de lait avec une telle vigueur que la trace lui en resta pendant toute sa vie; et elle n'eut pas à regretter ! Plus tard en effet, dans une expédition, l'armée du Prophète fit un certain nombre de prisonniers, parmi lesquels se trouva Chaimâ, cette sœur de lait; et lorsqu'elle rappela à Mohammed l'incident et montra l'incision sur son épaule, il la reconnut aussitôt, et elle fut traitée avec tous les égards dû à une sœur bien aimée.
à suivre...
source : Le Prophète de l'islam : sa vie, son oeuvre (Muhammad Hamidullah)
1. Le calendrier mecquois était lunaire, mais connaissait l'intercalation pour égaliser l'année lunaire avec l'année solaire. Le Prophète ne le changea que seulement trois mois avant sa mort, lors du dernier pèlerinage. Donc durant toute sa vie, on s'est servi à la Mecque d'une année lunaire où l'on ajoutait tous les trois ans un mois; cela pour les calculs en calendrier solaire. Selon Ibn Hichâm, p. 102, le Prophète naquit le lundi 12 Rabîal - Auwal. cf infra ch. calendrier,§ 1287 et s.
2. Balâdhuri, Ansâb, I, § I63. Elle n'était pas la concubine de son maître, mais mariée à quelqu'un, peut-être bien à un esclave d'Abû Lahab même.
3. Ibid., ajoutant qu'elle avait allaité Hamzah avant Mohammed, et allaité Salamah ibn Abd al-Asad al-Makhzîmi, après Mohammed. Abû Salamah fera partie des tout premiers convertis à l'Islam. cf aussi Balâdhuri, Ansâb, I, § 169; Suhailî, I, 108.
4. Ibn Hicham, p. 103; Balâdhuri, le même, § 162; Suhaili ajoute (I, 108) que Halimah avait aussi allaité Abdallâh ibn Jahch (fils d'une tante paternelle du Prophète), et aussi (II, 268) Abû Sufyan ibn al-Harith, fils d'un oncle paternel du Prophète. Abdallâh embrassera l'islam de bonne heure, tandis qu'Abû Sufyan restera longtemps dans l'opposition, avant de se convertir après la conquête de la Mecque.
4. Ibn Hicham, p. 103; Balâdhuri, le même, § 162; Suhaili ajoute (I, 108) que Halimah avait aussi allaité Abdallâh ibn Jahch (fils d'une tante paternelle du Prophète), et aussi (II, 268) Abû Sufyan ibn al-Harith, fils d'un oncle paternel du Prophète. Abdallâh embrassera l'islam de bonne heure, tandis qu'Abû Sufyan restera longtemps dans l'opposition, avant de se convertir après la conquête de la Mecque.
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