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Toutes les natures saines, qu'il s'agisse d'hommes ou d'Anges, sont incommodées par une sensation qui ne leur convient pas et fuient les odeurs mauvaises et répugnantes. Allâh est seul à percevoir le Visage Divin (wajha-l-Haqq) qu'elles renferment; certains animaux aussi, qui s'en accommodent, et les hommes dont la nature a une certaine affinité avec celle de ces animaux, mais en aucun cas les Anges.
C'est pourquoi il a dit : "Par Allâh", car l'homme dont la nature est saine déteste lui aussi l'haleine du jeûneur, tant chez lui-même que chez les autres.
De manière figurée, la Loi sacrée a attribué au jeûne la perfection suprême en rapportant que DIEU lui a réservé dans le Paradis une porte spéciale à laquelle Il a conféré un nom spécial impliquant la perfection. Les jeûneurs y entrent en effet par une porte appelée ar-Rayyân; or, ar-rayy (1) occupe, en matière de breuvages, le degré de la perfection. Tant que ce degré n'est pas atteint, il s'agit nécessairement d'autre chose; lorsqu'il l'est, il y a saturation et il n'est plus possible d'absorber quoi que ce soit, qu'il s'agisse ou non d'une terre peuplée d'êtres vivants. Muslim rapporte ce hadîth, transmis par Sahl b. Sa'd : l'Envoyé d'ALLAH - qu'Allâh répande sur lui Sa grâce unitive et Sa paix ! - a dit : "En vérité, il y'a dans le Paradis une porte appelée ar- Rayyân : c'est par elle qu'entreront les jeûneurs au Jour de la Résurrection; personne d'autre n'y entrera avec eux. L'on dira : " où sont les jeûneurs, pour qu'ils entrent par elle ?" Lorsque le dernier d'entre eux sera entré, elle sera fermée et plus personne n'entrera plus par là". Il n'a dit cela pour aucune oeuvre ayant fait l'objet d'un ordre ou d'une défense à l'exception du jeûne. Il a montré clairement, par cette mention d'ar-Rayyân, que les jeûneurs atteignent la perfection dans le domaine des œuvres d'adoration : ils se sont qualifiés, nous l'avons dit, par ce qui n'a pas de semblable et ce qui n'a pas de semblable est en réalité parfait. Ceux d'entre les Connaissants qui sont "jeûneurs" y entre (par cette porte) dès maintenant (de manière cachée) et ils y entreront (dans la vie future) d'une manière dont toutes les créatures auront connaissance.
source : Textes sur le Jeûne - IBN'ARABI
- Les mots rayy et rayyân comportent l'idée d'une saturation dans l'absorption des liquides, qu'il s'agisse de boisson ou d'irrigation de terres. Le terme rayy fait partie du langage technique du Tassawuf (cf. Futûhât, chap.250 et 251). Dans sa réponse à la question 116 du Questionnaire de Tirmidhî, le Cheikh al-Akbar indique un aspect limitatif d'ar-rayy: " L'épiphanie de la saturation (rayy) concerne ceux qui sont dans l'étroitesse : la saturation est la limite de leur absorption des boissons (initiatiques). Les Gens de l'Ampleur (Divine: sa'a) ne sont jamais "saturés", comme Abû Yazîd (al-Bistâmî) et ceux qui lui sont semblables... L'Amour est une boisson qui ne comporte aucune saturation. Un de ceux qui étaient demeurés voilés (à l'égard de la Vérité essentielle) a dit : "J'ai bu un breuvage et ensuite je n'ai plus jamais eu soif". Au contraire, Abû Yazîd a dit : "L'homme (raful) est celui qui boit des mers et dont la langue pend toujours du fait de sa soif".
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