jeudi 19 décembre 2013

La prière en Islam, la sacralisation corporelle: les ablutions - Eva de Vitray

Le musulman (ou la musulmane) qui accomplit la prière doit se trouver en état de pureté rituelle, vêtu décemment et ayant purifié par les ablutions prescrites les parties du corps susceptibles d'avoir péché.
L'ablution aura donc un double caractère, de propreté du corps et, en même temps, symbolique : l'eau lustrale est un signe de la purification morale employée; on lave les mains qui peuvent avoir frappé, la bouche qui s'est peut-être livrée à la médisance, etc... Un aspect psycho-physiologique des ablutions est aussi la déconnection d'avec les tracas et la chaleur du jour, le passage du profane au sacré.

Les ablutions se font avec de l'eau propre et, si possible, courante. A défaut d'eau, en voyage, en cas de maladie, il est permis de remplacer l'eau par du sable, de la terre pure, ou une pierre propre : après les avoir touchés des deux mains, on passe ceux-ci sur le visage et le dos des mains une fois. Cela s'appelle tayammum.

L'ablution peut être complète (bain) ou partielle, selon le degré d'impureté à effacer. Elle ne doit être refaite, entre les prières, qu'après un sommeil profond ou la satisfaction d'un besoin naturel. La manière de procéder est détaillée minutieusement. On se lave trois fois, d'abord les mains puis la bouche, les narines, la face, l'avant-bras droit, puis le gauche, et une seule fois : la tête, les oreilles et enfin les pieds, en commençant par le pied droit.

Prélude à la prière rituelle, nécessaire à sa validité, l'ablution réinstaure le corps, avec lequel on s'adresse à Dieu, dans sa dignité et sa pureté originelles.

source : La prière en Islam (Eva de Vitray-Meyerovitch) 

lundi 9 septembre 2013

La Loi et la Miséricorde (al-Futûhât al-Makkiyyâ) - IBN'ARABI

[...] DIEU a créé la volonté dans l'âme afin qu'elle veuille ce que DIEU veut qu'elle fasse ou ne fasse pas sans enfreindre les limites instituées par le Législateur.

Le principe est donc celui que nous avons déjà énoncé. Il advient à la volonté d'éprouver un violent désir d'une chose sans qu'elle prenne en considération les règles légales concernant l'accomplissement ou l’abstention de l'acte considéré, au point que, même s'il y'a coïncidence entre la prescription légale et l'acte accompli, ce n'était pas l'accomplissement de la Loi qui était d'abord visé. Il ne s'agit alors que d'une coïncidence fortuite avec ce que le Législateur a ordonné.
Celui qui est ainsi accompli l'acte en question parce que tel est son désir non parce qu'il s'agit d'une règle édictée par le Législateur.   Aussi DIEU ne louera-t-Il cet individu que s'il s'est demandé, avant de satisfaire son désir, si cela était louable aux yeux de la Loi et s'il n'a accompli cet acte qu'après avoir reçu d'un mufti la réponse que le Législateur a jugé qu'en cette matière il y avait licence (ibâha), recommandation (nadb) ou bien obligation (wujûb), et n'a agi qu'ensuite. Il s'agit alors d'un jugement légal qui coïncide avec le désir personnel et l'intéressé sera récompensé de s'y être soumis, à la différence du premier cas, où la passion et le désir coïncident également avec ce qui est louable selon la Loi mais où l'acte n'a pas été accompli à cause de la Loi et en vue de s'approcher de DIEU : celui qui agit ainsi va à la perdition.



O mon ami, considère les désirs de ton âme et vois quel est leur statut au regard de la Loi. Si celle-ci te prescrit de les accomplir, alors accomplis-les. Si en revanche elle te prescrit de n'en rien faire, alors renonce. Si néanmoins, après t'être interrogé et avoir constaté que, du point de vue légal, il faut t'abstenir, si donc ton désir l'emporte et que tu passes outre, je suis convaincu que sur ce point tu es en tort mais que, cependant, tu seras récompensé pour différentes raisons : parce que tu t'es interrogé sur le statut légal en la matière avant d'accomplir ton acte; parce que ta croyance en la Loi a été assez forte pour que tu te demandes quelle est sa position sur cette question; parce que tu as eu la conviction, après avoir su que la chose était interdite, qu'il fallait la rejeter; parce que tu t'es appuyé sur le fait qu'Allâh est Pardonnant (Ghafûr) et très Miséricordieux (Rahîm), qu'Il efface les péchés et pardonne les offenses, et que tu as donc eu en l’occurrence une bonne opinion de DIEU; et aussi parce que tu n'avais pas pour but de transgresser les interdits Divins; enfin parce que tu étais convaincu d'avance de ce que te fixait la prédestination (al-qadâ) et le décret Divin (al-qadar) quant à l'accomplissement de cette affaire comme c'était également le cas dans l'histoire de Moïse avec Adam. Telles sont les nombreuses raisons pour lesquelles tu seras récompensé en dépit de ta désobéissance (ma'siyya) car tu n'es coupable que d'un seul point de vue : à savoir d'avoir accompli cet acte qui n'était qu'un désir de l'âme. A ces différentes raisons s'ajoute encore le fait que cet acte t'a affligé car, ainsi que le dit l'Envoyé de DIEU : " Le croyant, c'est celui que sa bonne action réjouit, et qu'afflige sa mauvaise action !"

source: Al-Futûhât al-Makkiyyâ (Les illuminations de la Mecque) - Ibn'Arabi

mercredi 24 juillet 2013

LA PLACE DU SOUFISME DANS L’ISLAM (II et fin)

LA PLACE DU SOUFISME DANS L’ISLAM (II et fin):
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GUIDE DU DISCIPLE DE LA VOIE TIJÂNIE ( Cheikh Ibrahim Sall)

Les fondements de la Voie Tijânie sont le Saint Coran et la Tradition (Sunna) du Prophète Mohammed, son essence est la Réalité (haqîqa) de Mohammed, c'est à dire l'existence de celui-ci comme envoyé de DIEU à tout l'univers des hommes, des jinns et des choses, avec un Message qui transcende l'espace et le temps.

Cette Vérité Prophétique est omniprésente, visible en tout fait ou geste et audible en toute chose.

En fait, la Voie Tijânie est ce "câble solide qui ne se casse jamais", Coran S. 2, verset 256, et qui mène à bon port tous ceux qui s'y accrochent et s'y attachent : c'est la porte de la piété (crainte pieuse de DIEU).

Or la crainte pieuse est la voie par laquelle l'individu est libéré de toute difficulté matérielle, morale, spirituelle ou autre. Cette Voie est encore la source et le lieu de multiplication de tous bienfaits visibles ou invisibles, palpables ou non.

Elle facilite toute initiative; elle est la clef de la réussite dans toutes les entreprises. Elle épure le croyant de toutes ses  vilenies et est en vérité la " Sirât al-Mustaqîm", le chemin rectiligne sur lequel le musulman sollicite de DIEU qu'Il le positionne et le maintienne, plus de dix-sept fois par jour à travers les cinq prières quotidiennes dans la Fâtihatul Kitab ou sourate de l’ouverture du Livre.

Les disciples de la Voie Tijânie sont, de par leurs pratiques (visibles ou non), ceux cités, par la grâce de DIEU; dans la sourate 63 au verset 3 : " Il l'a aussi envoyé (le Prophète à d'autres hommes issus de ceux-là (les compagnons ou Sahâba) et qui ne les avaient pas encore rejoints. Il est le Puissant, le Sage."

Ces autres, d'une époque postérieure à celle des Sahâba (compagnons) et qui font partie d'eux, sont donc des compagnons du Prophète. Ce verset désigne les disciples de la Voie Tijânie et singulièrement ceux qui, grâce à elle, ont obtenu de DIEU les grâces sublimes en ce sens qu'ils sont ouverts à la compagnie réelle du Prophète dans sa dimension essentielle et éternelle.

Nous disons qu'il est légitime, voire indispensable, de chercher un guide spirituel pour soigner son âme.

A l'instar du médecin qui, pour soigner un corps malade, le soumet à une thérapie, le guide spirituel purifie l'âme dont il est le médecin et le conduit vers son Seigneur. Ainsi, l'âme est débarrassée de toutes ses lourdeurs et de toutes scories (péchés, voiles) l'empêchant de s'élever vers DIEU. En confirmation de la nécessité d'avoir un maître spirituel, DIEU dit dans la sourate 18, verset 28: " Fais preuve de patience en restant avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa Face. Et que tes yeux ne se détachent point d'eux en cherchant le faux brillant de la vie sur terre.
Et n'obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre appel qui poursuit sa passion et dont le comportement est outrancier".

De même, dans un autre verset, le Très-Haut dit : " Et suis le chemin de celui qui est déjà parvenu à Moi", Coran 31, verset 15.

Par conséquent, pour parvenir jusqu'à DIEU il faut nécessairement suivre celui qui, lui, est déjà parvenu à DIEU. De même que pour devenir professeur dans une discipline, il faut nécessairement passer par l'école et subir une formation dans ce sens. Les versets que nous pouvons citer sont nombreux, comme celui-ci par exemple : " Ô vous qui croyez, craignez DIEU et trouvez un unificateur: Wasila (guide qui vous conduit jusqu'à Moi) et endurez dans ce sentier, peut-être atteindrez-vous la félicité." Coran 5, verset 35.

Et le Prophète, répondant à un compagnon, lui enseigna que la meilleure façon d'adorer son Seigneur est de s’asseoir devant un Saint (wali) même si cela ne dépasse pas le temps nécessaire pour traire un animal (une brebis ou une chèvre). 

Ce sont là quelques éléments qui légitiment la nécessité de trouver un Maître déjà initié et capable de conduire le disciple jusqu'à DIEU notre Seigneur Le Très-Haut. Tous ceux qui ont eu la grâce de connaître DIEU et la capacité de conduire les disciples jusqu'à Lui sont des marabouts (cf. glossaire - Maître) authentiques.

source: Le guide du parfait Tijâni aspirant à la perfection ( Cheikh Ibrahim Sall)

mercredi 3 juillet 2013

DÉFINITION DU JEÛNE 2ème partie - IBN'ARABI

...
Toutes les natures saines, qu'il s'agisse d'hommes ou d'Anges, sont incommodées par une sensation qui ne leur convient pas et fuient les odeurs mauvaises et répugnantes. Allâh est seul à percevoir le Visage Divin (wajha-l-Haqq) qu'elles renferment; certains animaux aussi, qui s'en accommodent, et les hommes dont la nature a une certaine affinité avec celle de ces animaux, mais en aucun cas les Anges. 
C'est pourquoi il a dit : "Par Allâh", car l'homme dont la nature est saine déteste lui aussi l'haleine du jeûneur, tant chez  lui-même que chez les autres.


De manière figurée, la Loi sacrée a attribué au jeûne la perfection suprême en rapportant que DIEU lui a réservé dans le Paradis une porte spéciale à laquelle Il a conféré un nom spécial impliquant la perfection. Les jeûneurs y entrent en effet par une porte appelée ar-Rayyân; or, ar-rayy (1) occupe, en matière de breuvages, le degré de la perfection. Tant que ce degré n'est pas atteint, il s'agit nécessairement d'autre chose; lorsqu'il l'est, il y a saturation et il n'est plus possible d'absorber quoi que ce soit, qu'il s'agisse ou non d'une terre peuplée d'êtres vivants. Muslim rapporte ce hadîth, transmis par Sahl b. Sa'd : l'Envoyé d'ALLAH - qu'Allâh répande sur lui Sa grâce unitive et Sa paix ! - a dit : "En vérité, il y'a dans le Paradis une porte appelée ar- Rayyân : c'est par elle qu'entreront les jeûneurs au Jour de la Résurrection; personne d'autre n'y entrera avec eux. L'on dira : " où sont les jeûneurs, pour qu'ils entrent par elle ?" Lorsque le dernier d'entre eux sera entré, elle sera fermée et plus personne n'entrera plus par là". Il n'a dit cela pour aucune oeuvre ayant fait l'objet d'un ordre ou d'une défense à l'exception du jeûne. Il a montré clairement, par cette mention d'ar-Rayyân, que les jeûneurs atteignent la perfection dans le domaine des œuvres d'adoration : ils se sont qualifiés, nous l'avons dit, par ce qui n'a pas de semblable et ce qui n'a pas de semblable est en réalité parfait. Ceux d'entre les Connaissants qui sont "jeûneurs" y entre (par cette porte) dès maintenant (de manière cachée) et ils y entreront (dans la vie future) d'une manière dont toutes les créatures auront connaissance.

source : Textes sur le Jeûne - IBN'ARABI



  1. Les mots rayy et rayyân comportent l'idée d'une saturation dans l'absorption des liquides, qu'il s'agisse de boisson ou d'irrigation de terres. Le terme rayy fait partie du langage technique du Tassawuf (cf. Futûhât, chap.250 et 251). Dans sa réponse à la question 116 du Questionnaire de Tirmidhî, le Cheikh al-Akbar indique un aspect limitatif d'ar-rayy: " L'épiphanie de la saturation (rayy) concerne ceux qui sont dans l'étroitesse : la saturation est la limite de leur absorption des boissons (initiatiques). Les Gens de l'Ampleur (Divine: sa'a) ne sont jamais "saturés", comme Abû Yazîd (al-Bistâmî) et ceux qui lui sont semblables... L'Amour est une boisson qui ne comporte aucune saturation. Un de ceux qui étaient demeurés voilés (à l'égard de la Vérité essentielle) a dit : "J'ai bu un breuvage et ensuite je n'ai plus jamais eu soif". Au contraire, Abû Yazîd a dit : "L'homme (raful) est celui qui boit des mers et dont la langue pend toujours du fait de sa soif".

mardi 2 juillet 2013

DÉFINITION DU JEÛNE (1ère partie) - MUHY DÎN IBN'RABI

Sache - qu'Allâh te secoure ! - que le jeûne, c'est l'abstinence (imsâk) et l'exaltation (rif'a). On dit du jour qu'il "jeûne" (sâma) lorsqu'il culmine. Imru-l-Qays a dit : lorsque le jour s'éloigne et "jeûne", c'est à dire lorsqu'il atteint son sommet. Le jeûne a été appelé ainsi parce qu'il s'élève en degré au-dessus de toutes les autres œuvres d'adoration. Il l'a élevé - gloire à Sa Transcendance ! - en niant toute ressemblance entre lui et ces œuvres, ainsi que nous le redirons. En outre, Il l'a retranché de Ses serviteurs et Se l'est rapporté à Lui-même. Il a placé la récompense de celui qui se qualifie par lui dans Sa propre Main et l'a faite Sienne. Il a rattaché le jeûne à Lui-même, en lui niant toute ressemblance !

Le jeûne n'est pas un acte mais l'abandon d'un acte (tark). La négation de toute ressemblance est elle-même un attribut négatif, ce qui renforce l'analogie entre le jeûne et Allâh. Le Très-Haut a dit à Son propre sujet : "Rien ne Lui est semblable" (cor. 42, 11); Il a nié qu'Il puisse avoir un "semblable". Aussi bien l'intellect créé que la Loi sacrée indiquent qu'Il n'a - gloire à Sa Transcendance ! - aucun semblable. Nasâ'î rapporte cette parole d'Abû Umâma : " Je m'approchai de l'Envoyé d'Allâh - qu'Allâh répande sur lui Sa Grâce unitive et Sa Paix ! - et lui dis: "Donne-moi un ordre que je prendrai directement de toi !" Il répondit : " Adonne-toi au jeûne, car il n'a pas de semblable". Il a nié que puisse lui être comparée une oeuvre quelconque de celles que DIEU a prescrites à Ses serviteurs.


Celui qui sait que le jeûne un attribut négatif, puisqu'il consiste à s'écarter des choses qui pourraient le rompre, sait avec certitude qu'il n'a pas de semblable : en effet, il n'a pas d'essence propre pouvant revêtir une qualification de réalité (wujûd) intelligible pour nous. C'est pourquoi Allâh le Très-Haut a dit aussi : "Le jeûne M'appartient". Il ne s'agit, en réalité, ni d'une oeuvre d'adoration ni d'un acte ('amal). Le mot "acte" comporte, quand on le lui applique, une certaine impropriété, tout comme le terme "existant" (mawjûd) appliqué à DIEU tel que le comprend l'intelligence humaine (1); en effet, sa réalité tient à Son Essence et ne peut Lui être attribuée de la même façon qu'à nous.

Le Recueil de Muslim rapporte, d'après Abû Hurayra, cette parole du Prophète - sur lui la grâce et la paix Divine ! -; " Allâh - qu'Il soit glorifié et magnifié ! - a dit : " Tout acte du fils d'Adam lui appartient à l'exception du jeûne, car celui-ci est à Moi et c'est Moi qui en paie le Prix. Le jeûne est un bouclier. Si l'un d'entre vous jeûne un jour, qu'il s'abstienne ce jour-là de propos indécents et de cris. Si quelqu'un l'insulte ou s'en prend à lui, qu'il dise : "Je suis un homme qui  jeûne, je suis jeûneur". Par Celui qui tient l'âme de Mohammed en Sa Main, en vérité l'haleine qui sort de la bouche du jeûneur sera plus parfumée pour Allâh, au Jour de la Résurrection, que le parfum du musc. Deux joies appartiennent au jeûneur : quand il rompt son jeûne, il se réjouit de sa rupture (bi-fitri-hi) et quand il rencontre son Seigneur - qu'Il soit glorifié et magnifié ! - il se réjouit de son jeûne (bi-sawmi-hi)"."



Sache que le jeûneur rencontre son Seigneur au moyen de la qualification "rien ne Lui est semblable" : d'une part, l'Envoyé a nié toute comparaison possible avec le jeûne - selon le hadith de Nasâ'î qui a été cité plus haut -, de l'autre (selon ce que le Coran dit de) Dieu, "rien ne Lui est semblable". Il Le voit donc donc par Lui-même, Dieu est à la fois " Celui qui voit" et "Celui qui est vu". C'est pourquoi il a dit - qu'Allâh répande sur lui Sa Grâce unitive et Sa Paix ! - : "il se réjouit de son jeûne" et non "il se réjouit de la rencontre de son Seigneur" car la joie ne se réjouit pas d'elle-même; elle est ce par quoi l'on se réjouit. Celui dont DIEU est le regard quand il Le voit et Le contemple, ne se voit lui-même (nafsa-hu) que par Son regard : la joie du jeûneur tient à son rattachement au degré de la "non-similitude" ! (2)


Ici-bas, en revanche, il se réjouit de la rupture (fitr) en accordant son droit à l'âme animale qui, par sa constitution même, réclame la nourriture. Lorsque le Connaissant voit ce besoin qu'à son âme animale et végétative, qu'il voit avec quelle générosité il lui apporte sa nourriture, et que c'est un droit en sa faveur qu'Allâh lui a mis à sa charge, il remplit cette fonction en vertu d'une qualité Divine; il donne par la Main d'Allâh, tout comme c'est par l'Oeil d'Allâh qu'il voit DIEU lorsqu'il Le rencontre. C'est pourquoi il se réjouit de Sa Rupture (3) tout comme il se réjouit de Son Jeûne lorsqu'il rencontre son Seigneur.

Le jeûne est attribué au serviteur qui mérite de ce fait le nom de jeûneur; puis, en dépit de cette attestation, DIEU le lui retire et Se l'attribue à Lui-même en disant : "... à l'exception du jeûne, car celui-ci est à Moi", c'est à dire : " l'Attribut as-Samad, qui indique l'indépendance (tanzîh) à l'égard de la nourriture, n'appartient qu'à Moi; si Je te l'attribut, il exprime uniquement un aspect conditionné de la transcendance (tanzîh), non la Transcendance absolue qui ne convient qu'à Ma Majesté". C'est Allâh qui est le Prix du jeûne quand le jeûneur retourne vers son Seigneur et Le rencontre avec la qualification "rien ne Lui est semblable", c'est à dire avec le jeûne. En effet, ne peut voir "Celui à qui rien n'est semblable" que "celui à qui rien n'est semblable" comme l'a précisé Abû Tâlib al-Makkî, l'un des maîtres des "Gens du Goût initiatique" (ahl adh-Dhawq). " Celui dans le sac duquel il sera trouvé servira Lui-même de Prix" (4) : comme ce verset s'impose en cette occurrence !

La parole prophétique continue par les mots : "et le jeûne est un bouclier (junna)", c'est à dire une protection (wiqâya); comme dans Sa Parole : " Ayez la crainte pieuse d' Allâh", c'est à dire prenez-Le comme sauvegarde et soyez également une sauvegarde pour Lui (5) ! Il a conféré au jeûne la même fonction protectrice, celle de "rien ne Lui est semblable", car le jeûne n'a "pas de semblable" parmi les œuvres d'adoration. Cependant, on ne dit pas à son sujet : "Rien ne lui est semblable" (c'est à dire, littéralement : " il n'y a pas, comme son semblable, de chose"). En effet, la "chose" est une réalité archétypale (thubutî) ou actuelle (wujudî) alors que le jeûne est un abandon, c'est à dire un concept dépourvu de réalité (adamî) et un attribut purement négatif. On dit donc qu' "il n'a pas de semblable" non qu' "aucune chose ne lui est semblable" : telle est la nuance relative à la "non-similitude" selon qu'il s'agit d'un caractère Divin ou d'un attribut du jeûne.

Ensuite, le Législateur énonce à l'encontre du jeûneur une interdiction qui marque elle-même un abandon et une qualification négative, en disant : "qu'il s'abstienne de propos indécents et de cris". Il n'a pas ordonné un acte mais interdit que l'on accomplisse certains actes. Comme le jeûne est une abstention, il y a ici une relation significative entre lui et ce qui est ainsi défendu au jeûneur.

Puis, on a ordonné à ce dernier de dire à celui qui l'insulte ou s'en prend à lui : " Je suis jeûneur !", c'est à dire "dans un état où j'abandonne cet acte que tu accomplis toi, ô toi qui t'en prends à moi et qui m'injuries !" Sur l'ordre de son  Seigneur, il s'élève (nazzaha) au-dessus de la riposte et annonce qu'il l'abandonne, autrement dit qu'il n'y a chez lui ni insulte ni volonté de combattre.

Il a dit ensuite : "Par Celui qui tient l'âme de Mohammed en Sa Main..." : formule de son serment - qu'Allâh répande sur lui Sa grâce et Sa paix ! - "... en vérité l'haleine qui sort de la bouche du jeûneur...", c'est à dire l'altération de l'odeur de sa bouche qui apparaît uniquement par l'expiration (tanaffus) (6), en l’occurrence celle que le jeûneur vient d'émettre avec cette parole parfumée qu'il a reçu l'ordre de dire : "Je suis jeûneur !"; cette parole, ainsi que tout souffle émanant du jeûneur, "... sera plus parfumée au Jour de la Résurrection...", "le jour où les hommes seront débout devant le Seigneur des mondes" (Cor. 83, 6), "... pour Allâh..." : il a employé le Nom synthétique qualifié par tous les Noms Divins; c'est le Nom qui n'a pas de semblable car personne, à l'exception d'Allâh - gloire à Sa Transcendance ! - ne peut le porter : il correspond donc bien au jeûne qui, lui aussi, n'a pas de semblable; "... que le parfum du musc" : il s'agit d'une chose réelle que perçoit celui qui la sent et dont jouit celui qui a une nature saine et équilibrée; cependant, l'haleine du jeûneur est pour Allâh plus parfumée encore. En effet, Il perçoit les odeurs d'une autre manière que celui qui les perçoit au moyen des sens; ce qui est, pour nous, une mauvaise haleine est pour Lui - qu'Il soit exalté ! - une odeur plus parfumée que celle du musc car elle émane d'un être qui n' a pas de semblable. Une bonne odeur n'est pas l'autre. Celle qui procède du jeûneur découle de sa respiration (tanaffus) alors que celle qui émane du musc ne procède pas de la respiration du musc !



Un événement d'ordre spirituel (wâqi'a) m'est arrivé à ce propos. Je me trouvais dans le Haram mekkois, au minaret situé à la porte al-Hazwara, auprès de Mûsa b. Muhammad al-Qabbâb qui y faisait l'appel à la prière. Il avait amené avec lui une nourriture dont la mauvaise odeur incommodait tous ceux qui la respiraient. Or, je connaissais l'enseignement prophétique selon lequel " les Anges sont incommodés par ce qui incommode les Fils d'Adam" de sorte que le Législateur à interdit que l'on s'approche des mosquées avec des odeurs d'ail, d'oignon et de poireau. Je me couchait donc, bien décidé à dire à cet homme d'ôter cette nourriture de la mosquée à cause des Anges. Dans mon sommeil, je vis le Dieu Très-Haut qui me dit - qu'Il soit glorifié et magnifié ! - : " Ne lui parle pas de cette nourriture car son odeur auprès de Nous n'est pas semblable à ce qu'elle est auprès de vous". Au matin, (l'homme) vint auprès de moi suivant son habitude et je lui fis part de ce qui m'était arrivé. Il se mit à pleurer et se prosterna devant Allâh pour manifester sa gratitude; puis il me dit : "Sidi, malgré cela, le respect des convenances à l'égard de la Loi sacrée est préférable !" Il fit disparaître alors cette nourriture de la mosquée : qu'Allâh lui fasse miséricorde !
à suivre...

source : Textes sur le Jeûne (Ibn'Arabi)





  1. On dit couramment "DIEU existe" pour affirmer qu'Il est réel.
  2. Il s'agit, en l’occurrence, d'une Béatitude Divine réalisée par le jeûne et, comme dans le cas du Regard, d'un symbole de l'Identité Suprême.
  3. Il s'agit du Connaissant et non simplement du jeûneur, ce qui justifie l'emploi de majuscules.
  4. Allusion à Cor. 12, 75. Sur le sens initiatique de ce passage, cf. infra, texte 3.
  5. La notion de taqwâ, ou "crainte pieuse" d'Allâh, est interprété ici dans un sens initiatique par référence à la signification de sa racine. La première modalité envisagée se rapporte à la réalisation métaphysique et à l' "exaltation" opérée par le jeûne qui est une sauvegarde contre toute forme d' "association" à la Réalité Divine; la seconde se rapporte à la Fonction Divine que le jeûneur "sauvegarde", principalement dans le jeûne public et communautaire du mois de Ramadan.
  6. Ce terme signifie littéralement "respiration"; il ne peut s'agir ici que d'une expiration. Le lien établi par Ibn'Arabi entre cette indication et la précédente suggère l'idée d'un "soulagement" pour celui qui échappe à l'emprise des "réactions cosmiques", d'autant plus que tanaffus peut prendre aussi le sens de "soupir de soulagement".

mardi 11 juin 2013

La naissance du Prophète Mohammed 2ème partie (M. Hamidullah)

Mohammed
...
Il paraît que la santé de l'enfant était toujours très délicate. Toutes les fois qu'il venait à la Mecque, avec la nourrice, pour revoir sa mère et son grand-père, il souffrait du changement d'air, et c'est pour cette raison, dit-on, que la durée de son séjour chez la nourrice se prolongea beaucoup plus que d'ordinaire.

La grande foire annuelle de 'Ukâz avait lieu dans la même région. On y rencontrait quelquefois Halimah et son nourrisson, et l'on rapporte que Halimah demanda à un astrologue devin de la tribu de Hudhail, qui exerçait son métier à la foire, de prédire le destin de l'enfant. Il est possible qu'il y ait un lien entre l'incident de la fente de la poitrine et entre cette divination : effrayée par l'étrange vision, la nourrice désire être rassurée sur le sort de l'enfant du lait dont elle était gardienne, comme le laisse croire Ibn al-Jauzî (Wafâ, p. 113. Chez lui il y a plusieurs récits divergents et, selon l'un, c'est l'enfant Mohammed qui, après l'incident, court chez sa nourrice pour la mettre au courant lui-même de ce qui venait de se passer).

Après le fait miraculeux rappelé plus haut de la "fente de poitrine", l'enfant partit pour rentrer chez sa mère, mais non sans quelque accident : près de la Mecque, l'enfant se perdit; la nourrice courut chez le grand-père de Mohammed, et après quelques recherches, on le trouva sain et sauf, jouant avec des feuilles d'arbres tombées.



Bientôt après, Mohammed, sa mère Aminah, une esclave noire Umm Aiman, et peut-être aussi un serviteur, partirent pour Médine. On habita là chez les parents de Abd al-Muttalib, plus précisément dans la maison d'un certain an-Nâbighah, de la tribu des Banû an-Najjâr, maison où se trouvait aussi, (il y est encore commémoré de nos jours), le tombeau de Abdallâh, père de Mohammed. Le prophète se souvenait plus tard qu'il avait appris à cette occasion à nager dans une pièce d'eau appartenant à la tribu; il se souvenait également avoir joué avec d'autres enfants de son hôte, en particulier avec une fille, Unaisah, autour d'un château appartenant à la famille, et qu'ils s'amusaient à faire voler un oiseau qui allait se percher sur la tour du bâtiment.

C'est sur le chemin du retour qu'Aminah trépassa soudainement à Abwâ. Bien qu'il n'eût que six ans, le chagrin de Mohammed dut être très grand à la mort de sa mère, qu'il aimait tendrement. Plus tard, toutes les fois qu'il passait par Abwâ, au cours de ses expéditions, le prophète s'arrêtait pour visiter le tombeau de sa mère, et versait d'abondantes larmes. Rappelons ici un incident postérieur : un jour un visiteur nomade s'étant mis à trembler quand on le présentait au prophète, celui-ci de dire : "Pourquoi as-tu peur d'un homme dont la mère mangeait souvent de la viande séchée ? ". On a conservé plusieurs poèmes d'Aminah, et aussi d'autres parentes de la famille de Abd al-Muttalib, ce qui montre que le niveau intellectuel dans cette famille était assez élevé, même parmi les femmes.

La bonne Umm Aiman parvint à rentrer à la Mecque avec l'enfant, après avoir assisté à l'enterrement d'Aminah. Abd al-Muttalib, âgé de 108 ans, prit son petit-fils chez lui; et comme l'enfant avait perdu son père aussi bien que sa mère, l'affection du grand-père envers lui était naturellement très grande.

On rapporte que toutes les fois que Abd al-Muttalib s'asseyait sur un tapis dans un conseil municipal, pour discuter avec les autres conseillers des questions sérieuses, l'enfant Mohammed aimait à laisser ses jouets et à venir assister au Conseil; il voulait s'asseoir à la première place, à côté de son grand-père. Ses oncles le lui défendaient, mais le grand-père disait toujours : " Laissez-le; il se croit un grand homme, et j'espère bien qu'l va l'être; il est si sage". Il était en effet bien sage, jamais l'assemblée n'eut à se plaindre qu'il les dérangeât. Le grand-père l'aimait tant qu'au dire des chroniqueurs, un jour, lors d'une disette, il pria DIEU pour la pluie en Le suppliant au nom de son petit-fils, et il ne fut point déçu.

A l'âge de sept ans, Mohammed eut mal aux yeux, et les "médecins" de la Mecque ne purent le guérir. On rapporte que Abd al-Muttalib se rendit alors au couvent d'un religieux chrétien, près de Ukâz, où on lui donna une prescription qui réussit très bien. C'est apparemment d'une époque postérieure que nous parle al-Qifti (1)  lorsqu'il raconte qu'étant tombé malade, Mohammed avait demandé à son ami Sa'd ibn Abî-Waqqâs de faire venir le médecin mecquois al-Hârith ibn Kaladah.
La Kaaba (Mecque)

Le jeune garçon Mohammed était si intelligent que toutes les fois que son grand-père ou d'autres parents avaient perdu quelque chose, ils demandaient toujours à Mohammed d'aller le chercher, et il trouvait toujours. Une fois le berger de Abd al-Muttalib vint annoncer que quelques chameaux s'étaient égarés, et qu'il lui était impossible de les retrouver dans les vallées du pâturage. Mohammed y fut envoyé; comme il tardait à revenir, le grand-père, effrayé pour le sort de son petit-fils, parti ainsi tout seul, la nuit, dans les montagnes, se mit à prier DIEU, avec ferveur et à faire le tour rituel de la Ka'ba, en disant :
 Seigneur, rend-moi mon petit Mohammed,
Et comble-moi ainsi de Tes faveurs.

Une fois Mohammed rentré, Abd al-Muttalib fit le vœu de ne plus jamais envoyer le garçon faire de pareils courses.
Mohammed était âgé de huit ans, lorsque son grand-père mourut, après l'avoir confié à son fils Abû-Tâlib, oncle de Mohammed, en lui recommandant d'en avoir le plus grand soin.

source : Le Prophète de l'Islam : Sa vie, Son Oeuvre (Muhammad Hamidullah)

1. Akhbâr al Hukamâ; (Uyûm al-Anbâ'ed. 1299), p. 110; ibn Hajar, Isâbah, N° 1471, § Haritch ibn Kaladah.

dimanche 9 juin 2013

La naissance du Prophète Mohammed (1ère partie) Muhammad Hamidullah

C'est de Abdallâh ibn Abd al-Muttalib et d'Aminah bint Wahb  que Mohammed, futur Prophète de l'Islam, naquit à la Mecque en l'an 53 avant l'Hégire ( 569 de l'ère chrétienne) (1).
Le père étant mort quelques semaines auparavant, c'est le grand-père Abd al-Muttalib qui s'occupa de l'enfant et de sa mère.
Il y avait un ancien usage à la Mecque, - usage qui persiste jusqu'à nos jours, - de confier l'enfant aux nourrices, qui les emmenaient chez elles dans le désert. En attendant l'arrivée des femmes nomades, venant chercher les enfants, des concubines de la famille ont dû donner le sein au nouveau-né. C'est ainsi que Thuwaibah, esclave de son oncle Abû Lahab, éleva l'enfant pendant quelques jours (2). On nous apprend encore que Hamzah, jeune oncle de Mohammed était son frère de lait (3). Les nourrices cherchaient évidemment les enfants des riches :  les orphelins comme Mohammed ne devaient pas leur plaire beaucoup.

Un contingent de la tribu de Sa'd ibn Bakr, branche des Hawâzinites, se rendit alors à la Mecque. Parmi cette tribu se trouvait Halimah, future nourrice de Mohammed, qui était très pauvre; à cause de sa monture maigre et fatiguée, elle arriva à la Mecque assez en retard sur les autres, et ne put trouver un enfant riche. Ne voulant pas rentrer les mains vides, elle prit l'orphelin Mohammed, et ne l'a jamais regretté (4).

On attend d'un prophète qu'il accomplisse des miracles dès sa naissance : sa mère n'aurait point senti les douleurs de l'accouchement; l'enfant serait né circoncis; les anges l'auraient lavé et marqué du sceau de l'apostolat sur le dos, entre les épaules. On raconte aussi que l'âne de sa nourrice devint le plus rapide de la caravane; sa chamelle commença à donner du lait en quantité plus que suffisante pour toute la famille; Mohammed ne têta que sur un seul sein de sa nourrice, laissant l'autre pour son frère de lait; les moutons et les brebis de Halimah rentraient à la maison toujours satisfaits de leur pâturage, tandis que le même ne donnait rien aux autres animaux.

On rapporte encore un autre incident, plus important : un jour un frère de lait courut chez ses parents pour leur raconter, tout effrayé, que des gens s'étaient emparés de Mohammed et lui avaient ouvert la poitrine. Les parents s'empressèrent, mais ils trouvèrent Mohammed assis sur la colline, les yeux fixés sur le ciel. Interrogé, il raconta que deux des anges étaient venus de la part de DIEU, avaient ouvert sa poitrine, retiré son cœur  enlevé la partie appartenant à Satan, et remis le reste après l'avoir lavé avec de l'eau céleste, dont il sentait encore la fraîcheur. Les anges s'en étaient alors allés au ciel dans la direction où il les suivait encore du regard. La nourrice et son mari crurent devoir rendre Mohammed à ses parents plutôt que de le retenir encore quelque temps chez eux, car on ne savait quel autre malheur pouvait encore arriver à l'enfant merveilleux. Il est également question de la présentation du Prophète dès sa naissance, par les anges, à toutes les créatures, à titre d'introduction.

Mais revenons à l'histoire normale. La vie chez une nourrice nomade ne pouvait être que très simple : la tribu passait les différentes saisons en divers endroits; les enfants surveillaient toute la journée les troupeaux dans les pâturages, et jouaient ensemble; les femmes ramassaient le bois pour la cuisine, entretenaient leurs foyers, et s'occupaient à filer. On se contentait quelquefois de dattes et de lait; parfois on mangeait des légumes, de la viande, etc., et, lors des foires ou des visites aux "grandes villes", comme la Mecque, quelques friandises. Il pouvait y avoir des razzias et des guerres entre les tribus, mais nos sources n'en mentionnent aucune concernant la tribu de la nourrice Halimah.


Le jeune Mohammed se comportait comme tous les autres enfants. On rapporte qu'un jour, pour une raison que les narrateurs ne mentionnent pas, il mordit l'épaule de sa sœur de lait avec une telle vigueur que la trace lui en resta pendant toute sa vie; et elle n'eut pas à regretter ! Plus tard en effet, dans une expédition, l'armée du Prophète fit un certain nombre de prisonniers, parmi lesquels se trouva Chaimâ, cette sœur de lait; et lorsqu'elle rappela à Mohammed l'incident et montra l'incision sur son épaule, il la reconnut aussitôt, et elle fut traitée avec tous les égards dû à une sœur bien aimée.
à suivre...
source : Le Prophète de l'islam : sa vie, son oeuvre (Muhammad Hamidullah) 









1. Le calendrier mecquois était lunaire, mais connaissait l'intercalation pour égaliser l'année lunaire avec l'année solaire. Le Prophète ne le changea que seulement trois mois avant sa mort, lors du dernier pèlerinage. Donc durant toute sa vie, on s'est servi à la Mecque d'une année lunaire où l'on ajoutait tous les trois ans un mois; cela pour les calculs en calendrier solaire. Selon Ibn Hichâm, p. 102, le Prophète naquit le lundi 12 Rabîal - Auwal. cf infra ch. calendrier,§ 1287 et s.

2. Balâdhuri, Ansâb, I, § I63. Elle n'était pas la concubine de son maître, mais mariée à quelqu'un, peut-être bien à un esclave d'Abû Lahab même.

3. Ibid., ajoutant qu'elle avait allaité Hamzah avant Mohammed, et allaité Salamah ibn Abd al-Asad al-Makhzîmi, après Mohammed. Abû Salamah fera partie des tout premiers convertis à l'Islam. cf aussi Balâdhuri, Ansâb, I, § 169; Suhailî, I, 108.

4. Ibn Hicham, p. 103; Balâdhuri, le même, § 162; Suhaili ajoute (I, 108) que Halimah avait aussi allaité Abdallâh ibn Jahch (fils d'une tante paternelle du Prophète), et aussi (II, 268) Abû Sufyan ibn al-Harith, fils d'un oncle paternel du Prophète. Abdallâh embrassera l'islam de bonne heure, tandis qu'Abû Sufyan restera longtemps dans l'opposition, avant de se convertir après la conquête de la Mecque.