vendredi 26 décembre 2014

DE LA VERTU DE LA FIDÉLITÉ - Al Ghazali

Musulmanes en voiles
Le Seigneur dit : " Or, il ne leur fut ordonné que d'adorer Dieu, vouant à Lui Seul le culte, en toute fidélité" - " C'est à Dieu que s'adresse le culte pur." - " Excepté ceux qui se repentent et font de bonnes oeuvres, qui s'attachent à Dieu et à Lui Seul vouent leur culte" - " Celui donc qui s'attend à la rencontre de son Seigneur, qu'il fasse oeuvre de bien, et au culte de son Seigneur n'associe aucun." Ces versets ont été révélés au sujet de ceux qui œuvrent pour Dieu et le Louent.

Le Prophète : " Rien n'est plus cher au coeur d'un musulman que la fidélité à Dieu dans l'oeuvre." Mossaab Ibn Saad rapporte que son père pensait que ceux qui lui étaient inférieurs parmi les compagnons du Prophète lui devaient quelque chose. Le Prophète lui dit : " Le Seigneur Tout-Puissant a fait triompher cette nation grâce aux faibles, à leur appel (à la religion) et a leur fidélité." Hassan rapporte que le Prophète a dit : " Dieu le Tout-Puissant a dit : la fidélité est un secret que Je dépose dans le coeur de ceux que j'aime." Ali : " Ne vous occupez pas de la petite quantité d’œuvres mais occupez-vous de la valeur de ces oeuvres et de leur pureté." Le Prophète a dit à Moadh Ibn Jabal : " Sois fidèle à Dieu dans ton oeuvre, peut-être en seras-tu rétribué tant soit peu." Et le Prophète a dit aussi : " Trois personnages seront interrogés en premier le Jour de la Résurrection: celui à qui Dieu a donné le savoir. Le Seigneur lui demandera : Qu'as-tu fait de ton savoir ? Et il répondra : je veillais toute la nuit et était éveillé toute la journée. Le Tout-Puissant lui dira : Tu mens, et les anges lui diront : tu mens. Tu voulais simplement qu'on dise que tu étais savant. Ne l'a-t-on pas dit ? Puis viendra celui à qui Dieu a donné des biens. Le Seigneur lui demandera : Je t'ai couvert de bienfaits, qu'en as-tu fait ? Il répondra : Seigneur je faisais l'aumône toute la nuit et toute la journée. Dieu lui dira : Tu mens. Et les anges diront : Tu mens. Tu voulais simplement qu'on dise tu étais généreux. Ne l'as-t-on pas dit ? Puis viendra un homme qui fut  tué dans le service de Dieu. Dieu lui demandera : Q'as tu fait ? Il répondra : Le Jihad fut proclamé et je suis allé combattre jusqu'à la mort. Dieu lui répondra : Tu mens. Et les anges diront : Tu mens. Tu voulais simplement qu'on dise que tu étais courageux. Ne l'a-t-on pas dit  ? " Abou Hourayra rapporte que le Prophète se frappa ensuite sur la cuisse et lui dit : " Abou Hourayra, ce sont là les personnages qui nourriront en premier le feu de l'enfer, le jour de la Résurrection."

On rapporta à Moawya ces paroles du Prophète. Il pleura à en perdre d'âme. Puis il récita : Le Seigneur dit vrai. " Quiconque veut la vie d'ici-bas et sa pompe, ceux-là Nous leur ferons payer  au comble leurs oeuvres."

On raconte dans les annales du peuple d'Israël qu'il y avait un dévot qui adorait Dieu depuis longtemps lorsque des personnes vinrent le voir et lui dirent qu'ils avaient vu des gens tout près qui adoraient un arbre et n'adoraient pas Dieu. Le dévot se mit en colère, prit une hache et se dirigea vers l'arbre pour l'abattre. Ibliss se mit sur sa route sous la forme d'un vieillard. - Où va-tu, que Dieu te bénisse, lui dit-il. - Je vais pour abattre l'arbre, lui répondit le dévot. - Et en quoi ça te regarde ? Dit Ibliss. Tu as quitté tes dévotions et ce qui te regarde et tu vas chercher ce qui ne te concerne pas. - Cela fait partie de mes dévotions, dit le dévot. - Je ne te laisserai pas abattre l'arbre, dit Ibliss. Ils se sont battus et le dévot terrassa Ibliss et s'assit sur sa poitrine. - Lâche-moi que je puisse te parler, lui dit Ibliss. Dieu ne t'a pas imposé cela. Ce n'est pas toi qui adore l'arbre et tu n'as pas à t'occuper de ce que font les autres. Dieu a des prophètes dans beaucoup de régions de la terre et s'Il veut, Il enverra quelques-uns à ces gens et leur ordonnera d'abattre l'arbre. - Non, dit le dévot, je dois l'abattre. Ils se mirent à se battre à nouveau et le dévot en sorti vainqueur, il terrassa Ibliss encore une fois et s'assit sur sa poitrine. Ibliss lui dit : Veux-tu savoir quelque  chose qui va mettre un terme à notre querelle et qui vaudra mieux pour toi, - Qu'est ce ? Demanda le dévot. - Libère-moi et je te le dirai. Il le libéra et Ibliss lui dit : Tu es un homme pauvre et tu es une charge pour ceux qui te nourrissent. Peut-être voudrais-tu faire du bien à tes frères en religion et à tes voisins, être riche et manger à satiété ? - Certes, dit le dévot. - Eh bien, oublie l'arbre, dit Ibliss. Je poserai chaque nuit auprès de toi deux dinars qui te permettront au matin de subvenir à tes besoins et à ceux de ta famille et à faire l'aumône. Cela vaut mieux pour toi et pour les musulmans que d'abattre cet arbre. Je ne vois pas en quoi cela porterait préjudice à ces gens que tu l'abattes et en quoi cela profiterait aux musulmans. Le dévot réfléchit et se dit : le vieillard a raison. Je ne suis pas un prophète et il n'est pas de mon devoir d'abattre cet arbre. Dieu ne m'a pas ordonné de l'abattre et si je ne le faisais pas, je ne serais guère un désobéissant. Ce qu'il vient de proposer vaudra certainement mieux.

Il fit le serment à Ibliss d'être fidèle à sa parole et retourna à son lieu de dévotion. Le lendemain matin, il trouva deux dinars auprès de lui qu'il prit. Il en fut de même le surlendemain. Le troisième jour et les jours suivants, il ne trouva rien. Il se mit en colère, reprit la hache et s'en alla pour abattre l'arbre. Il retrouva Ibliss sur la route sous la forme d'un vieillard. - Où vas-tu ? Lui dit-il - Abattre l'arbre, répondit le dévot. - Tu mens, dit Ibliss. Tu n'en es pas capable. Le dévot l'attrapa et voulut le terrasser comme à la première fois. - Hélas ! Dit Ibliss et il le jeta par terre. Le dévot était comme un oiseau sous les pieds d'Ibliss. Celui-ci s'assit sur sa poitrine. - Tu vas oublier cette histoire sinon, je t'égorge lui dit-il. Le dévot se rendit compte qu'il n'avait aucune force. - Tu m'as vaincu, dit-il. Lâche-moi et explique moi comment j'ai pu te vaincre la première fois et comment tu as pu me vaincre cette fois-ci. - Parce que tu t'es mis en colère la première fois au nom de Dieu, dit Ibliss. Et cette fois-ci, tu t'es mis en colère pour toi-même et pour ce monde-ci.

Cette anecdote atteste la parole du Seigneur : " Il est d'eux qui ajoutent foi en Lui". L'homme ne se libère du diable que par la fidélité dans sa foi en Dieu. Maarouf Al Karkhi se frappait et disait : " O âme, sois fidèle et tu te libéreras." Yacoub Al Makfouf : " Le fidèle à Dieu est celui qui fait ses bonnes comme mauvaises actions." Soleymane : " Bienheureux celui qui a fait un seul pas juste par lequel il ne voulait que le Tout-Puissant."...

Source : L'apaisement du coeur - Al Ghazali