dimanche 28 avril 2013

La comparution des sectes devant le tribunal de DIEU - (Ibn'Arabi)

- DIEU me fit contempler le domaine de l'argumentation. Je vis que le crépuscule s'était étendu sur  toute la terre, et que celle-ci avait rejeté de ses flancs tout ce qu'elle contenait, et  qu'elle était complètement vide. DIEU me dit : " O mon serviteur, observe donc ce que j'inflige aux réfractaires, aux querelleurs, aux vaniteux et aux hérétiques, moi le Dominateur".

- Alors je vis qu'une tribune avait été dressée dont les colonnes étaient de feu, les cordages et les alentours noirs comme du goudron. DIEU me dit : "Voici le tribunal d'une hostilité implacable dressé contre ceux qui s'opposent à mon ordre et qui s'adressent à moi en protestant : Non ! Jamais de la vie ! Concernant ce qu'ils ont imaginé. Et contre ceux qui prétendent  regretter ce que leurs mains ont amassé et les œuvres qu'ils ont accomplies". DIEU me dit encore : "O mon serviteur, ceux qui attendent d'être jugés vont entrer dans ce tribunal. Aussi regarde bien quel est le groupe dont tu fais partie, et avance-toi avec avec celui-là. Si ce groupe-là est sauvé, tu seras sauvé, et s'il est anéanti, tu seras anéanti pareillement.
Prête l'oreille et regarde".

Les philosophes rationalistes

- Je regardai, et je vis que la balance (du jugement) avait été dressée, que la voie de DIEU avait été fermée, que  la fournaise de l'opposition avait été allumée, et que le " paradis de l'approbation " avait été avancé. Puis ce fut l'appel : " Où sont les adeptes de la raison avec leur revendication ?" Alors se présentèrent les philosophes suivis de leurs partisans. Ils furent introduits le tribunal et on leurs demanda : " A quoi avez-vous occupé vos intellects ? " Ils répondirent : " A ce qui te plaît." DIEU leur dit : " Et d'où avez-vous appris cela ? Est-ce seulement par l'intellect, ou bien est-ce par obéissance et pour vous conformer à l'enseignement reçu ?" Les philosophes répondirent : " C'est seulement par nos intellects". DIEU leur dit : " Vous n'avez pas réfléchi, et vous n'êtes pas heureux, mais vous allez être jugés. O feu, à toi de les juger !" Et j'entendis leurs partisans s'écrier :"Ainsi ce sont des sectes pour l'enfer, quel malheur !" Et moi je demandai : " Qui donc les châtie ?" DIEU me dit : " C'est leur propre intellect ! Car c'est lui qu'ils ont adoré. Ils n'ont consulté que lui et ne sont donc châtiés que par lui".


Les physiciens pratiquant la médecine des humeurs

- De nouveau fusa l'appel : " Où sont les physiciens ?" On les introduisit à leur tour (dans le tribunal). Alors je vis quatre anges, des brutes violentes (coran 66, 6), tenant en main des massues. Les accusés leur demandèrent : "Anges de DIEU, que nous voulez-vous ?" Ceux-ci répondirent : "Vous châtier et vous anéantir !" "Et pour quelle raison ?" Les anges répondirent : "Quand vous étiez ici-bas, vous avez prétendu que nous étions vos divinités et vous nous avez adorés à la place de DIEU. Vous avez considéré les actions naturelles comme des modèles à imiter plutôt que DIEU. Voilà pourquoi DIEU nous a donné tout pouvoir pour vous châtier dans le feu de la géhenne". Et aussitôt ils furent culbutés en  enfer.

Les matérialistes idolâtres du Temps

- "Où sont les partisans de l'éternité du monde ? " On les introduisit, et on leur demanda : "N'est-ce pas vous qui avez dit : Qu'est-ce qui peut nous anéantir excepté le Dahr (le Temps) (XLV, 24) ? Vous vous êtes abusés vous-mêmes. En vérité vous allez être renvoyés à cette station. "Et eux de protester: "Oh non Seigneur !" DIEU leur répondit : " Les prophètes ne sont-ils pas venus à vous avec des preuves manifestes ? Mais vous ne les avez pas crus et vous avez déclaré : "DIEU n'envoie rien du tout (LXVII, 9). Vous vous trompez et vous n'avez aucune preuve". Alors ils furent culbutés la tête la première dans le feu de la géhenne.



Les théologiens mu'tazalites prétendant au libre arbitre

- "Où sont les mu'tazalites qui se sont séparés de la voie droite ?" On les fit s'avancer tous ensemble, et on leur demanda : "N'avez-vous pas prétendu à la souveraineté (pour vous-même), en déclarant : Nous faisons comme bon nous semble !" Alors ils furent traînés face contre terre et précipités dans la géhenne...

à suivre
source: Livre des contemplations Divines - Ibn'Arabi.

dimanche 7 avril 2013

La " Source unique " de l'être et l'Alchimie - Ibn'Arabi

Allâh le nom de DIEU
l'Alchimie désigne la science ayant pour objet les proportions et les mesures imparties à tout ce qui implique la proportion et la mesure parmi les corps physiques et les concepts métaphysiques, dans l'ordre sensible et dans l'ordre intelligible. Son pouvoir souverain réside dans les transmutations, je veux dire les changements d'états qu'affecte la " Source unique " (al-'Ayn al-wâhida) (1). L'Alchimie est une Science naturelle, spirituelle, Divine. Nous la déclarons en effet une Science "Divine", du fait qu'elle la stable harmonie, entraîne la descente épiphanique et l'intime solidarité (entre les êtres), et du fait qu'elle déploie les Noms Divins qu'affecte le "Dénommé Unique" (al-Mosammâ al-Wâhid) (2), selon la haute diversité de leurs concepts métaphysiques.

Distiques.

L'objet (de la Quête) se trouve blotti
entre un repli caché et un flux éployé. De même que 
le "comment" (kayf) et le "combien" (kamm) relèvent
des proportions, en vertu de quoi
nos véhicules corporels errent sur les traces
de leur simplicité première. C'est un égarement
que rehausse un mystère inviolé.
La révélation de l'être est porteuse
de sentences qu'elle légifère, et la juste sentence
prend place entre un interdit et une prescription.



source: l'Alchimie du bonheur parfait (Ibn'Arabi)





1. La source émanation de tous les existants envisagée ici dans sa pure indétermination.
2. Comprendre : le Sujet Divin (ou "Sujet existentiateur"), essentiellement inconnaissable, mais qui s'autodétermine, se qualifie à travers ses multiples Noms et attributs de manifestation.

samedi 6 avril 2013

L' Alchimie du Bonheur Parfait - les Élixirs (IBN'ARABI)

Les Élixirs sont une preuve irréfutable,
montrant à l'évidence
ce qui est changeant et altérable
au  coeur de l'existence. 
par l' "Élixir de la Providence",
quand il est soudain projeté
à la face de l'ennemi
selon une balance bien calculée,
dans l'instant il te revient soumis
sur la voie de l'amitié,
grâce au jugement et au décret.
La juste mesure (de l’Élixir) l'a guéri tout à fait;
car la sage Balance est notre loi
qui à cette fin fut édifiée.
Aussi prends garde en alchimie
aux proportions déterminées,
tant il y' a de multitude enfouie
dans le monde des formes finies.
Sois clairvoyant en ce bel art
si tu y portes le regard. 
Que les penchants à tout examiner
ne t’écartent pas du vrai chemin,
tu rejoindras des anges immaculés
en surpassant le rang du genre humain.

source : l'alchimie du bonheur parfait (Ibn'Arabi)

lundi 1 avril 2013

Contemplation de La Lumière de l'Existence par le lever de l'astre du discernement (Ibn'Arabi)

Leçon sur le néant de l'homme dont l'existence réelle a sa source cachée en DIEU


- DIEU me fit contempler la lumière de l'existence et le lever de l'astre du discernement. Il me dit : " Qui es-tu ? " Je lui répondis : "Le néant manifeste". DIEU me dit : " Comment le néant peut-il devenir existant ? Si tu n'existes pas,  comment s'établit ton existence ?" Je lui répondit :  " Voilà pourquoi j'ai déclaré être le néant manifeste. Quant au néant caché, ce néant-là n’existe pas. " Il me dit : "Etant donné que la première existence est identique à la deuxième existence, il n'y a pas de néant antérieur, ni d'existence advenante, ce qui établit ton adventicité." Puis Il me dit :" La première existence n'est pas identique à la deuxième existence, car la première existence est comparable à celle des êtres universels, et la seconde existence est comme celle des êtres particuliers." Puis Il me dit : " Le néant est véritable, il n'y a rien d'autre. L'existence est véritable, il n'y a rien d'autre." Je répondis : "C' est bien ainsi !"



- DIEU me dit encore : "Je te vois soumis et docile, ou bien tu es un chercheur de preuves." Je lui dis : "Je ne suis ni docile, ni un chercheur de preuves". Il me dit : "Tu n'es rien." Je lui dis : "Je suis la chose sans ressemblance, et Toi tu es la chose par ressemblance." Il me dit : "Tu dis vrai ! Car tu n'existes par rien, tu n'es rien, tu ne reposes sur rien." Je lui répondis : " En effet !
Si j'étais quelque chose, j'aurais la faculté de me saisir. Si je reposais sur quelque chose, la relation s'établirait selon trois termes. Si j'étais la chose, j'aurais un vis-à-vis, or je n'ai pas de vis-à-vis." Je lui dis : "J'existe à travers le fragmentaire, mais je n'ai pas reçu l'existence, car je suis dénommé sans avoir de spécification. Et c'est là ma perfection. Tandis que toi, tu es dénommé par le nom, qualifié par la qualification, spécifié par la spécification. Et c'est là ta perfection".


- DIEU me dit : "Il n'y a que le néant qui connaisse l'existant." Puis Il me dit :"Seul l'existant connaît réellement l'existant." Puis Il me dit :" L'existence procède de Moi, non de toi, par toi, non par moi". Puis il me dit : "Celui qui te trouve me trouve, et celui qui te perd me perd". Puis :" Celui qui te trouve me perd, et celui te perd me trouve." Puis :" Celui qui me perd me trouve, et celui qui m'a trouvé ne me perd plus". Il me dit :" La trouvaille et la perte sont pour toi, non pour moi". Il me dit :" La trouvaille et la perte sont pour moi, non pour toi". Puis il me dit :" Tout être n'est établi que par conditionnement, et il est pour toi. Tout être absolu (inconditionné) est pour moi". Puis Il me dit : "L'être conditionné est pour moi, non pour toi". Puis Il me dit :"L'être séparé est pour moi par toi, et l'être rassemblé est pour toi, par moi". "Et inversement !" ajouta-t-Il.


Puis Il me dit : " L'être (établi) par la primauté est autre que de l'être, et en dessous se trouve l'être véritable". "Puis Il me dit :"L'être est par moi, de moi, pour moi." Puis Il me dit : "L'être n'est pas par moi, n'est pas de moi, et n'est pas pour moi". Puis Il me dit : "Si tu me trouves, tu ne me vois pas, et si tu me perds, tu me vois". DIEU me dit enfin : "Dans la trouvaille est ma perte, et dans la perte est ma trouvaille. Si tu étais instruit de la saisie, tu saurais ce qu'est l'être véritable".

source: Le livre des contemplations Divines (Ibn'Arabi)