dimanche 12 mai 2013

LE BUT DE L'ASPIRATION EST DIEU 2ème patie (Najm al-Dîn Kubrâ)

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La différence entre le corps, l'âme et le démon du point de vue de la station de la contemplation consiste en ce que le corps est au début une ténèbre épaisse. Lorsqu'il est un peu purifié, il prend en face de toi la forme d'un nuage noir.
Lorqu'il est le siège du démon, il est rouge. Lorsqu'il est corrigé, qu'en sont annihilées les jouissances et qu'en demeurent les vrais fondements, il se purifie et blanchit comme le nuage porteur de pluie. L'âme, chaque fois qu'elle apparaît, a la couleur du ciel, laquelle est bleue, et elle jaillit comme l'eau à la sortie d'une source.
Lorsqu'elle est le siège du démon c'est comme si elle était une source de ténèbre et de feu, et son jaillissement est plus petit, car le démon ne contient rien de bon. L'âme effuse dans le corps si bien qu'il en tire sa croissance. Si elle est pure et sans tache elle répand le bien sur lui de sorte que de lui germe le bien. Mais si elle répand sur lui le mal, alors de lui pousse le mal. Le démon est un feu impur mêlé des ténèbres de l'impiété d'une terrible apparence, et il prend en face de toi une forme qui ressemble à celle d'un grand noir à l'apparence terrifiante. Il s'applique à intriguer comme s'il cherchait à pénétrer en toi. Chaque fois que tu cherches à t'en défaire, prononce dans ton coeur : " Ô Secours de ceux qui implorent le secours, secours-moi !" Alors il te fuira. Apprend qu'il voit à travers toi, et que tu vois à travers lui. C'est que son habit est cousu avec le tien.

Lorsque ton  habit est séparé du sien, son regard devient aveugle, et il est dépouillé de son habit au point de ne pas même savoir où il est. Il est avec toi, il est avide de toi, souvent il te frappe à l'arrière. Il désire échanger avec toi, folâtrer avec toi, aller à tes côtés, et que tu le maudisses.
Prends garde à lui ! si tu le maudis, ou que tu le frappes,ou encore que tu lui adresses la parole, il te parle à son tour et te tape, se renforçant de la malédiction, et reste longtemps à son affaire avec toi. Mais pour autant que tu cesses de lui parler, qu'il te frappe et que tu ne le frappes point, que tu t'en remettes avec confiance à DIEU, il t'évite et il ne te frappe plus. Chaque fois que tu dis : "Ô Secours de ceux qui implorent le secours, secours-moi !" de tout ton coeur qui implore le secours de son Seigneur, il s'enfuit.

source: Les éclosions de la beauté et les parfums de la majesté (Najm al-Dîn Kubrâ)

mardi 7 mai 2013

Le but de l'aspiration est DIEU (Najm al-Dîn Kubrâ)

Najm al-Dîn Kubra (1145/46-1221)

Grâce soit rendue à DIEU qui nous a enseigné le langage des oiseaux, qui nous a protégés des calamités du sort, qui nous a fait voir les signes qui jalonnent l'itinéraire, grâce redoublée pour l'éternité sans fin, et bénédiction perpétuelle sur Son envoyé. 

Apprend ô mon ami ! - que DIEU t'assiste dans ce qu'Il aime et dont Il est satisfait - que le but de l'aspiration est DIEU et que l'aspirant est une lumière venue de Lui. DIEU n'enveloppe personne  d'obscurité. En chacun se trouve un esprit issu de Lui et une intelligence qui sont Siennes.
Pour chacun Il a disposé une entente, des vues, et des organes internes. Les gens restent frappés de cécité sauf celui à qui DIEU a dévoilé l'obscure enveloppe, laquelle n'est pas une chose extérieure à eux mais vient plutôt d'eux car elle est l'obscurité de leur corps.

Ô mon ami ! ferme donc tes paupières et contemple ce que tu vois. Si tu dis que tu ne vois rien à ce moment, c'est une faute qui vient de toi. En vérité tu vois, mais du fait que l'obscurité du corps est trop proche de ton regard, tu ne la perçois pas. Si tu désires la trouver et la regarder en face de toi, tout en fermant tes paupières, atténue quelque chose de ton corps. La voie pour l'atténuer et pour s'en éloigner demande peu de mortification. Le sens de la mortification est de consacrer ses efforts à lutter contre pour repousser les ennemis, voire à les tuer (1). Et les ennemis sont le corps, l'âme, et le démon.

L'éffort dans la lutte dépend étroitement de voies

La première consiste à diminuer progressivement la nourriture, car le corps, l'âme et le démon trouvent une aide dans la nourriture. Lors donc que la nourriture diminue, leur emprise diminue. La seconde est d'abandonner son libre arbitre et de l'anéantir en le fondant dans celui d'un maître accompli, dans l'espoir qu'il choisira pour soi ce qui corrige. Car on est tel l'enfant ou de l'adolescent qui n'atteint pas la maturité des hommes adultes, ou comme l'inconscient prodigue. Tout cela implique qu'il faut aux hommes un tuteur, un maître, un juge, ou encore un roi chargé de diriger leurs affaires.

 La troisième des voies est celle de Junayd - que DIEU sanctifie son précieux esprit - qui repose sur huit conditions : maintien en permanence des ablutions, permanence du jeûne, permanence du silence, permanence de la retraite spirituelle, permanence de l'invocation qui consiste en " il n'y a de divinité sinon DIEU ", permanence du lien intérieur avec le maître et du recours à la science des incidences intérieures en fondant son mode d'être dans celui du maître, permanence du rejet des pensées conscientes, permanente application à abandonner l'opposition à DIEU dans tout ce qui lui vient de Lui, que ce soit un malheur ou un bien, et à s'abstenir de demander d'accéder au paradis ou d'être sauvé du feu.
à suivre...
source : Les éclosions  de la beauté et les parfums de la Majesté (Najm al-Dîn Kubrâ)





1. Il faut les immoler par le sabre de la sincérité, c'est à dire de l'invocation, comme il le dit dans son commentaire coranique pour expliquer l'omportance du sacrifice des animaux attribué aux hommes.

mercredi 1 mai 2013

La comparution des sectes devant le tribunal de DIEU (suite et fin) - Ibn'Arabi

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Le sort des spiritualistes

"Où sont les spiritualistes (rûhâniyyûn) ?" On les amena. Et je vis des gens à l'aspect déplaisant et aux sentiments malveillants, à l'exception d'un seul groupe parmi eux qui s'en était détaché et se réfugiait  aux côtés des prophètes des véridiques, sous la tribune de la sécurité. DIEU me dit : " Joins-toi à ce dernier groupe si tu veux obtenir le salut et suis leur voie.
Seulement, ne te joins pas à eux tant que durera le Mîm (la loi de Mohammed). Quand le Mîm aura pris fin, tu iras te joindre à eux aussi longtemps que durera la ma'iyya (compagnie avec DIEU). Quand la ma'iyya aura pris fin, à toi de décider ce qu'il te convient de faire. Nous n'avons rien à te reprocher."

Ensuite, je vis les sept autres groupes faisant partie de la secte des Spirituels que l'on interrogeait, et qui étaient mis en accusation. Les passions personnifiées se moquaient d'eux, et ils étaient persécutés par des démons. Tous les groupes cherchaient à s'échapper et à se soustraire au châtiment. Mais ils tombèrent parmi les sectes du feu. "Voilà le feu infernal auquel vous n'avez pas cru (qui vous châtie). Où donc est passée votre prétendue divinité censée intercéder pour votre humanité ?
Déclare : DIEU est venu, et la fausseté a disparu" (XVII, 81).

Le salut du huitième groupe jugé conforme à la loi Divine

- Quand à moi, j'entrai au paradis en compagnie du huitième groupe. Alors le Mîm (la loi mohammadienne) cessa, comme DIEU me l'avait annoncé, et ce fut le temps de la ma'iyya associée à soixante-dix mille voiles. Et la ma'iyya (compagnie de DIEU) continua de supprimer les voiles et de les consumer, jusqu'à ce qu'ils soient tous anéantis dans l'ultime voile, et finalement il ne subsista plus ni voile, ni ma'iyya. A ce moment-là, le huitième groupe s'écria : " Seigneur notre Dieu, accorde-nous ce que tu nous as promis" (III, 194).

Mission sotériologique du wali intègre 

- Le serviteur qui réclame la miséricorde de son Seigneur déclare : "Alors Il se révéla à eux sous la forme de la connaissance, et cette vision les combla de bonheur". DIEU me dit :" Cette forme (de la connaissance) c'est la tienne. Surgis sous cette forme devant eux !" Puis Il me dit :"Entre dans le tribunal, et son feu se changera en lumière. Entre dans la fournaise, et elle se transformera en paradis. Ne pénètre dans aucun lieu excepté par (ou avec) moi. Ne poursuis aucun but excepté Moi-même. Les preuves se sont  dressées contre les argumentaires. Celui qui sera agréé est celui qui n'a pas d'argument (ou preuve) à opposer. Déclare : DIEU est la preuve inexorable" (VI, 149). S'il veut, Il vous dirigera tous, et ceux qui le suivent seront agréés.

- Ensuite DIEU me dit : "A présent retourne (vers les hommes), proclame ma Vérité et exalte Ma Grandeur. Ton vêtement, purifie-le, l'espoir, abandonne-le. Et médite bien ce qu'implique cette station (du jugement). "Enfin, Il me dit : "Ne fais rien de ce que Je t'ai prescrit, que tu l'exécute ou non, tu périras quand même. Demeure constamment sur tes gardes et ne perds  pas confiance".

source : Le livre des contemplations Divines (Ibn'Arabi)